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Le changement climatique : impacts actuels et attendus sur le cycle de l'eau en Belgique

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Le réchauffement global de la planète est une réalité aujourd'hui incontestée.

Ce réchauffement entraîne une série de modifications globales sur tous les compartiments de l'environnement.

Le cycle de l'eau ne fait pas exception et il faudra de plus en plus en tenir compte dans l'avenir, car ses impacts pourraient s'avérer importants, y compris en Belgique.

Le réchauffement climatique en Belgique – déjà d'actualité

Le réchauffement climatique est déjà d'actualité, y compris en Belgique, comme tendent à le prouver les données historiques.

Les données proviennent de l'European Climate Assessment & Dataset.

Sur base de celles-ci, on peut observer que les températures maximales et minimales sont plus élevées aujourd'hui qu'au 19ème siècle (Figure 1). Les constats sont plus clairs en ce qui concerne les températures minimales moyennes annuelles. L'augmentation semble être constante au moins depuis le début des années 60.

Evolution des températures maximales et minimales de 1833 à 2010

Figure 1 : évolution des températures maximales et minimales de 1833 à 2010


Il semble y avoir également un accroissement des précipitations totales sur le long terme. Il pleut, aujourd'hui, environ 100 mm de plus par an qu'à la fin du 19ème siècle (Figure 2). Cette situation se retrouve à toutes les saisons, mais plus particulièrement en été.

Evolution des précipitations totales annuelles et par saison (Moyennes mobiles sur 10 ans)

Figure 2 : évolution des précipitations totales annuelles et par saison (Moyennes mobiles sur 10 ans)

Cependant, la hausse des précipitations est à mettre à l'actif d'une augmentation de l'intensité des précipitations (Figure 4) et non pas du nombre de jours de précipitations (Figure 3). C'est le cas pour toutes les saisons, et plus particulièrement en été.

Evolution du nombre de jours de précipitations par saison (Moyennes mobiles sur 10 ans)

Figure 3 : évolution du nombre de jours de précipitations par saison (Moyennes mobiles sur 10 ans)

Evolution de l'intensité des précipitations par saison (Moyennes mobiles sur 10 ans)

Figure 4 : évolution de l'intensité des  précipitations par saison (Moyennes mobiles sur 10 ans)

A quoi s'attendre dans l'avenir ?

En Belgique, une étude de l'UCL a montré que les températures moyennes augmenteraient, suivant les scénarios, entre 2.4 et 6.6°C en été d'ici 2080 par rapport à celles de la fin du 20ème siècle. La hausse en hiver serait moins importante, comprise entre 1.7 et 4.9°C.

En ce qui concerne les précipitations, leur variabilité risque d'augmenter fortement. Les différents scénarios montrent ainsi une augmentation des précipitations totales en hiver (entre + 6 et + 23%). Même si l'évolution récente montre le contraire, ces scénarios prévoient une diminution potentiellement forte des précipitations en été (entre 0 et - 50%).

Quels impacts sur le cycle de l'eau ?

Sur base des effets actuels et attendus, il faut s'attendre à avoir des impacts éventuellement importants sur le cycle de l'eau en Belgique et en Wallonie. Les impacts concerneront la recharge des nappes aquifères, le risque d'inondations et, dans une moindre mesure, peut-être la consommation d'eau.

1.       Au niveau de la recharge des nappes

Le premier impact concerne la ressource en tant que telle. L'augmentation des précipitations pourrait sembler bénéfique a priori. Cependant, si celle-ci continue (comme c'est le cas ces dernières années) à dépendre de l'intensité des précipitations, et plus particulièrement celles d'en été, la régularité de la recharge des nappes pourrait en être altérée.

C'est d'autant plus le cas dans le contexte d'une évapotranspiration accrue liée à un accroissement des températures moyennes estivales de 2 à 6°C.

Par contre, il n'y a pas d'évidence actuellement sur le fait que la fréquence des sécheresses météorologiques (variabilité des précipitations) s'accentue dans les années à venir.

2.       Au niveau des inondations

Du fait de l'augmentation très nette de l'intensité moyenne des précipitations et de la fréquence des pluies importantes, on doit en principe s'attendre à une hausse du risque d'inondations.

Cependant, il serait réducteur de joindre si facilement les évènements pluvieux extrêmes et les inondations ; celles-ci dépendent également de facteurs humains (urbanisation, aménagement de zones tampons, dimensionnement des réseaux d'évacuation d'eaux pluviales, ...) qui devront être pris en compte également.

3.       Au niveau de la consommation d'eau

La consommation d'eau domestique en Wallonie est parmi les plus faibles que l'on puisse observer au sein des pays dits développés. Cette consommation d'eau domestique est stable, voire en légère diminution ces dernières années. L'augmentation moyenne des températures attendues n'est en principe pas de nature à inverser cette tendance sur le long terme.

Cependant, la fréquence et/ou l'intensité des canicules seront probablement augmentées. Aussi, la consommation d'eau en été risque d'être plus importante lors de ces évènements extrêmes. Sachant cela, on peut estimer que la variabilité moyenne des consommations entre les saisons risque d'augmenter, ce qui pose des questions quant au dimensionnement pertinent à apporter aux infrastructures de production et de distribution d'eau. A noter que les réseaux d'évacuation des eaux usées devront également faire l'objet d'un redimensionnement dans ce sens.

Comment s'y adapter ?     

Le meilleur moyen de s'adapter est évidemment de diminuer le plus possible l'ampleur du phénomène. Cela passe par une réduction importante des émissions de gaz à effet de serre, dans tous les secteurs d'activités.

Cependant, même avec une réduction drastique des émissions au niveau mondial, les températures continueront d'augmenter : l'intérêt est donc de diminuer l'ampleur du phénomène et de ses conséquences à venir.

Au-delà de cet aspect préventif, qui ne dépend pas uniquement des actions menées en Belgique, et si les prévisions se confirment à plus long terme, il faut s'attendre à une disponibilité des ressources plus variable, à des variations d'usages éventuellement plus importantes ainsi qu'à une augmentation du risque d'inondations.

Nous apportons ici quelques pistes de réflexion quant aux mesures curatives à prendre en vue de diminuer l'effet de ce changement global du cycle de l'eau.

Le risque principal est celui lié aux inondations. Aussi, afin de prévenir des effets qui pourraient être désastreux, il est essentiel d'adopter une politique d'aménagement du territoire qui tienne compte de ces phénomènes attendus. Certaines mesures sont déjà envisagées dans le cadre du « Plan PLUIES » (Prévention et Lutte contre les Inondations et leurs Effets sur les Sinistrés). Mais au-delà de celles-ci, l'urbanisation du territoire ne cesse de s'accroître. Cette urbanisation s'accompagne d'une imperméabilisation des sols couplée à une extension des réseaux d'assainissement.

En ce qui concerne la ressource en eau, il y a une nécessité de régulation plus importante des prises d'eau publiques et privées. Il faut recenser toutes les prises d'eau existantes, autoriser des volumes maximum de prélèvement, permettre une révision de ces prélèvements en cas de sécheresse ou de canicule, ... Certaines de ces mesures sont aujourd'hui entreprises ou envisagées dans le cadre du « Schéma d'Exploitation des Ressources en Eau » (schéma directeur de production à l'échelle régionale afin de sécuriser l'alimentation en eau sur l'ensemble du territoire wallon - Déclaration de politique régionale).

Enfin, le dimensionnement des infrastructures doit, dès aujourd'hui, être adapté en fonction de la variabilité attendue du climat et des usages potentiels de l'eau. En effet, les infrastructures, et principalement les canalisations d'eau et d'assainissement (adductions, égouts, collecteurs), ont une durée de vie très longue. Aussi, les canalisations qui sont posées aujourd'hui seront toujours en service au moment où les effets du changement climatique seront les plus aigus (après 2050).

Références

J.-P. Van Ypersele et P. Marbaix, Impacts des changements climatiques en Belgique, UCl-Greenpeace.

Klein Tank, A.M.G. and Coauthors, 2002. Daily dataset of 20th-century surface air temperature and precipitation series for the European Climate Assessment, Int. J. of Climatol., 22, 1441-1453. Data and metadata available at http://eca.knmi.nl

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