Tous les experts mondiaux conviennent que le réchauffement climatique est une réalité que l'on ne peut nier. Ainsi, depuis le début du vingtième siècle, la température moyenne en Belgique a augmenté de plus d'1.5°C [1].
Cette augmentation des températures est liée à l'émission accrue de certains gaz, appelés gaz à effet de serre, parmi lesquels on retrouve le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4), ou encore l'oxyde nitreux (N2O).
La concentration de ces gaz a augmenté considérablement depuis la révolution industrielle, du fait de la combustion des énergies fossiles que sont le charbon, le pétrole ou le gaz naturel.
Tout le monde consomme ces énergies fossiles : ménages, industries, entreprises de services, administrations, ... .
Le secteur de la production-distribution d'eau potable et de l'assainissement des eaux usées, de par ses activités, consomme également certaines de ces énergies fossiles et participe aussi à l'émission de gaz à effet de serre.
Le secteur public wallon de l'eau représente environ 0.2% de l'ensemble des émissions de CO2 de la Région wallonne.
Une étude de l'Université de Liège [2] a démontré que les activités liées à la consommation d'eau potable et à l'épuration des eaux usées en Wallonie conduisaient au rejet d'environ 110 000 tonnes de CO2 fossile par an en 2004. Ces émissions ne sont pas générées exclusivement sur le territoire belge ou wallon, la construction des équipements nécessaires peut, en effet, être réalisée dans d'autres pays.
A titre de comparaison, les émissions annuelles totales de CO2 de la Région wallonne s'élèvent à 45.6 millions de tonnes[3] en 2007.
Sur ces 110 000 tonnes de CO2, 50 000 tonnes sont liées à la production et à la distribution d'eau potable et 60 000 tonnes à l'égouttage, la collecte et l'épuration des eaux usées.
Ces émissions de gaz à effet de serre sont, pour la plupart, dues aux infrastructures. En effet, le CO2 émis dans l'atmosphère est généré par les différentes constructions nécessaires à l'alimentation en eau et à son évacuation (forage des captages, construction des canalisations, des égouts, des stations d'épuration, ...).
Ces émissions devraient augmenter dans les années à venir. En effet, de manière à améliorer la qualité des masses d'eau de surface, suite aux obligations européennes[4], la Région wallonne doit construire de nombreuses stations d'épuration collectives pour que l'eau déversée dans les égouts soit épurée avant de rejoindre les rivières et les lacs. La construction et le fonctionnement de ces stations d'épuration générera du CO2 et contribuera ainsi un peu plus à l'effet de serre. On devrait ainsi passer de 110 000 tonnes de CO2 par an en 2004 à 190 000 tonnes par an en 2015.
Cependant, l'épuration des eaux usées apporte un bénéfice environnemental supérieur à l'impact négatif sur le changement climatique. La diminution de l'impact des activités domestiques et industrielles sur l'acidification et l'eutrophisation des masses d'eau de surface est supérieure à l'impact défavorable sur le changement du climat, de sorte que l'épuration des eaux usées contribue néanmoins de manière significative à l'amélioration de l'environnement en général.
En matière d'eau potable, les 50 000 tonnes rejetées peuvent se répartir de la sorte :
Chaque litre d'eau consommé rejette ainsi environ 0.1 gramme de CO2 supplémentaire dans l'atmosphère pour sa production et sa distribution.
Le secteur de l'eau rejette des gaz à effet de serre et participe donc également au changement climatique. Cependant, sa contribution est dérisoire par rapport à l'ensemble des émissions, toutes activités confondues. La fourniture d'eau par canalisations est et reste le moyen le plus économe en CO2 pour garantir à tous une eau potable de qualité en quantité suffisante.
Bien conscients de la thématique, les opérateurs qu'ils s'occupent d'eau potable ou d'eaux usées, financent de plus en plus d'investissements visant notamment à économiser la consommation énergétique de leurs bâtiments et de leurs infrastructures et s'engagent également dans des processus de certifications environnementales (EMAS).
Si le secteur de l'eau influence, dans une certaine mesure, le changement climatique, l'inverse est également vrai. Mais c'est une autre histoire (à découvrir prochainement...).
[1][1] Institut Royal Météorologique de Belgique.
[2] Analyse du cycle de vie de l'eau produite, distribuée et épurée – Laboratoire de chimie industrielle de l'Université de Liège, 2004.
[3] Tableau de bord de l'environnement wallon 2010.
[4] Directive du Conseil n° 91/271 du 21 mai 1991 relative au traitement des eaux urbaines résiduaires et Directive 2000/60/CE du Parlement européen et du Conseil, du 23 octobre 2000, établissant un cadre pour une politique communautaire dans le domaine de l'eau.