Sous notre climat tempéré, la pluie est évidemment un bienfait pour la société. Toutefois, lorsqu'une averse est trop intense ou dure trop longtemps, elle peut provoquer des inondations urbaines par un ruissellement accru ou une évacuation insuffisante (égout, voie artificielle ou ruisseau).
En effet, dans une zone urbanisée, les eaux de pluie ruissellent sur les nombreuses surfaces imperméables : toitures, voiries, trottoirs, parkings, etc. pour ensuite, dans la plupart des cas, rejoindre un égout public car la grande majorité des égouts wallons est de type unitaire.
Les eaux de pluie sont bénéfiques dans la mesure où elles nettoient régulièrement l'espace public et, en fonction de leur intensité, curent plus ou moins efficacement les égouts par effet de chasse. Elles empêchent ainsi une trop forte sédimentation des matières organiques dans les canalisations, réduisent leur fermentation et limitent ainsi le développement et la propagation d'odeurs.
Toutefois, les effets conjugués d'une imperméabilisation croissante du territoire et du changement climatique (modification des régimes et des intensités de pluie) rendent certains réseaux d'égouts incapables d'évacuer instantanément des quantités d'eaux de ruissellement de plus en plus importantes. Cela peut se traduire localement par des inondations urbaines préjudiciables aux riverains ou par des rejets incontrôlés de pollution dans les ruisseaux et les rivières.
La reprise des eaux de pluie dans les égouts peut donc poser des problèmes :
· lors de fortes précipitations, elle peut provoquer des débordements locaux des égouts, soit vers les voiries et les immeubles soit en surversant directement dans les ruisseaux et rivières, nuisant alors à l'environnement aquatique en rejetant des eaux usées sans traitement préalable.
· en diluant les eaux usées, elle peut nuire au bon fonctionnement des stations d'épuration
· le cycle naturel de l'eau est perturbé. En empêchant l'infiltration naturelle dans les sols, elle réduit la recharge des nappes aquifères.
Le concept du « tout à l'égout », qui a permis d'assainir les villes et de protéger la santé des riverains, atteint ses limites.
Il faut désormais mieux gérer les eaux de pluie dans la ville. Et cela commence à la parcelle.
EAUX PLUVIALES : QUE DIT LA LOI ?
Depuis le 1er janvier 2017, le Code de l'Eau wallon impose de gérer les eaux pluviales à la parcelle en respectant la hiérarchie suivante :
1. Infiltration
2. Voie artificielle d'écoulement ou cours d'eau, si la solution 1 est impossible
3. Réseau d'égouttage, si la solution 2 est impossible
Ces obligations doivent être respectées dans les projets d'urbanisme et d'urbanisation, tant pour les eaux des constructions privées (habitations, halls de stockage,...) que pour les eaux des espaces publics (voiries, chemins piétons, etc.).
Gérer séparément les eaux pluviales à la parcelle implique de séparer strictement les réseaux d'eaux usées et d'eaux de pluie à l'intérieur des immeubles, ce qui est également une imposition du Code de l'Eau depuis le 20 juillet 2003.
GÉRER DES EAUX PLUVIALES
Le référentiel de gestion durable des eaux pluviales, édité par la Wallonie, donne des conseils pour gérer ces eaux.
Limiter l'imperméabilisation du sol
Il s'agit tout d'abord de veiller à une utilisation parcimonieuse de la parcelle et de favoriser la création d'espaces plantés ou enherbés plutôt que des aires « en dur ».
Lorsque c'est possible, il faut utiliser des matériaux poreux et des revêtements perméables : béton poreux, béton bitumineux drainant, enrobé à liant synthétique drainant, revêtement alvéolaire, pierre et béton posés avec joints perméables (joints creux enherbés ou avec granulats), mélange terre-pierre enherbé, etc.
Lorsqu'on en a l'opportunité, il est également possible de « déraccorder » les eaux pluviales de l'égout et/ou de « désimperméabiliser » les sols en modifiant ou retirant les revêtements de surface afin de rendre au sol sa capacité d'absorption de la pluie.
Favoriser l'infiltration
Il s'agit de diriger prioritairement les eaux de pluie vers des espaces plantés ou engazonnés et d'utiliser diverses techniques d'infiltration des eaux dans le sol « fondées sur la nature » : fossés, noues, tranchées drainantes, puits d'infiltration, etc.
Il existe toutefois des restrictions à l'infiltration (terrains naturellement imperméables, eaux de pluie trop chargées de polluants, interdiction des puits perdants dans les zones de protection de captage, ...). Renseignez-vous auprès de votre commune ou de l'organisme d'assainissement agréé en charge de votre territoire.
Stocker, récupérer et réguler les flux
Il s'agit de ralentir les apports d'eau de pluie en les stockant temporairement pour les réutiliser par exemple pour arroser les espaces verts et les jardins, avant de les infiltrer ou de les restituer à débit limité dans un cours d'eau ou dans le réseau d'égout.
Aides à la conception et au dimensionnement
L'infiltration et le stockage des eaux de pluie ne s'improvisent pas, des règles de conception et de dimensionnement doivent être respectées.
Une feuille de calcul a été mise au point par le GTI (Groupe Transversal Inondations), avec le soutien des gestionnaires des cours d'eau et AQUAWAL, pour aider les concepteurs et aménageurs du territoire à rapidement et simplement dimensionner ces infrastructures. Ces calculs imposent notamment de connaître le potentiel d'infiltration des sols.
AQUAWAL a émis des recommandations pour la réalisation des essais de perméabilité, le dimensionnement et la conception des ouvrages de gestion des eaux pluviales.
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