AQUAWAL, la fédération du secteur de l'eau en Wallonie, tient à réagir par rapport aux messages portés dans la presse par une certaine frange de la population wallonne, qui indiquerait que le calcaire dans l'eau est nocif pour la santé des individus.
C'est l'occasion de faire une mise au point sur ce sujet et d'inciter à la plus grande prudence sur les démarches commerciales de certains vendeurs d'appareils supposément miracles.
Quelles sont les normes, d'où viennent-elles et pourquoi ont-elles été établies à un tel niveau?
L'eau qui est distribuée doit répondre à une grande quantité de paramètres pour être considérée comme potable.
Ces paramètres sont établis par l'Union européenne à travers une Directive. Celle-ci est directement inspirée des recommandations de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) dont le dernier rapport relatif à la qualité de l'eau et compilant plusieurs centaines d'études scientifiques datant de 2017 est disponible sur le site web de l'Organisation.
Parmi ces paramètres figurent le calcium et le magnésium, les deux principaux responsables de la formation du calcaire, dont la quantité est appelée dureté de l'eau.
Il est essentiel d'indiquer que tant l'OMS que l'UE ne fixent aucune norme maximale sur la dureté de l'eau.
L'OMS indique que la dureté de l'eau n'est pas considérée comme préoccupante pour la santé, mais uniquement pour son acceptabilité. De plus, certaines études indiquent un effet protecteur de la dureté de l'eau vis-à-vis de la mortalité cardiovasculaire, même si ce lien de cause à effet n'est pas aujourd'hui établi.
A titre de comparaison et pour bien saisir cette notion, un litre de lait contient dix fois plus de calcium et de magnésium que l'eau du robinet distribuée en Wallonie, sans que le lait ne soit notoirement reconnu comme une cause de maladie ou de surmortalité.
La Wallonie, pour sa part, a été légèrement plus stricte que l'UE, puisque le Code de l'eau prévoit une teneur maximale en calcium de 270 mg/l et pour le magnésium de 50 mg/l. Ces seuils ne sont d'ailleurs jamais dépassés en Wallonie.
Quelle est la dureté de l'eau en Wallonie ?
Tout citoyen peut connaître la dureté de son eau qui se trouve généralement référencée sur la facture d'eau. Si ce n'est pas le cas, le distributeur d'eau a l'obligation de renseigner l'usager sur cet aspect à sa demande. Les valeurs pour la Wallonie sont d'ailleurs disponibles en ligne sur le site du Service Public de Wallonie – Environnement (carte ci-dessous).
Comme le montre cette carte, la plupart de la Wallonie est alimentée par une eau dure (>30 degrés français), sans que cela ne pose de problème de santé pour les populations concernées.
Cependant, un tel niveau de calcaire dans l'eau peut parfois gêner le confort des usagers ou nuire aux appareils électroménagers.
Quelques conseils pour diminuer l'inconfort lié au calcaire
Si la dureté de l'eau peut gêner certaines personnes au niveau du confort, des gestes simples peuvent permettre de les limiter.
Ainsi, le calcaire se dépose d'autant plus vite que la température de l'eau est élevée. Le chauffe-eau est donc particulièrement touché. Afin de prolonger la durée de vie à moindre coût, il suffit de régler intelligemment la température, à savoir entre 50°C et 60°C. Descendre sous 50°C peut poser des risques de contamination bactériennes (celles-ci se développent plus rapidement jusqu'à cette température), et au-dessus de 60°C le calcaire se dépose beaucoup plus vite. L'eau chaude étant destinée in fine à être mélangée à de l'eau froide, il est bien souvent inutile de monter au-dessus de cette température. Un tel réglage permet de plus de réaliser des économies d'énergie.
La machine à laver est elle très rarement impactée par le calcaire. La durée de vie des composants électroniques est bien souvent largement inférieure à celle de la résistance, de sorte que lorsqu'une machine à laver doit être remplacée, elle l'est souvent pour des raisons tout autres que le calcaire.
Les lave-vaisselles disposent eux de leur propre adoucisseur incorporé (sel).
Pour les petits appareils (cafetières, robinets, douches ...) les traces de calcaire s'éliminent aisément avec un peu de vinaigre.
Faut-il placer un appareil anti-calcaire (adoucisseur, anti-tartre ...) ?
De nombreux ménages font le choix d'installer un appareil anti-calcaire, le plus souvent poussés par les démarcheurs des sociétés qui en commercialisent.
Rien n'oblige ni n'interdit les particuliers d'installer un appareil de traitement de l'eau, bien que cela puisse avoir un coût important.
Cependant ces appareils ne peuvent être efficaces que s'ils sont réglés et entretenus correctement sous peine de dégrader la qualité de l'eau qui est fournie.
Ainsi, l'ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire française) précise sur son site internet que : « Un traitement complémentaire de l'eau du robinet (anti-tartre, anti-corrosion, désinfection, filtration, etc.) installé sur le réseau intérieur d'un immeuble ou d'une habitation peut entraîner une altération de la qualité de l'eau. Aussi, il est indispensable qu'une eau froide non traitée soit disponible dans chaque logement pour les usages alimentaires (boissons, préparations des aliments). Avant d'installer un procédé de traitement complémentaire sur un réseau intérieur, il est nécessaire de vérifier son utilité au regard des caractéristiques de l'eau distribuée et des équipements à protéger. Une maintenance et un entretien adaptés réguliers du dispositif de traitement sont par ailleurs indispensables pour réduire le risque de dégradation de la qualité de l'eau distribuée ».
On recommande ainsi souvent de placer l'adoucisseur d'eau sur le seul circuit d'eau chaude. Cela ne nuit ainsi pas à la potabilité de l'eau et permet de protéger efficacement son chauffe-eau.
Les adoucisseurs d'eau sont mal réglés et mal entretenus et peuvent devenir dangereux pour la santé
Concernant les adoucisseurs d'eau, ils sont le plus souvent mal réglés. Ainsi il est obligatoire en Wallonie de disposer d'une dureté résiduelle (après adoucissement) de 15°F. Alors que la plupart des propriétaires, poussés en cela par les démarcheurs, le règlent à 0°F.
Plusieurs problèmes peuvent se poser : relargage de beaucoup de sodium dans l'eau, ce qui peut finir par lui donner un goût désagréable, et surtout cela peut entraîner la corrosion des conduites métalliques installées après l'adoucisseur. Cela peut également gêner les personnes qui pour des raisons médicales doivent suivre un régime sans sel.
Dans tous les cas, il est dangereux d'installer un adoucisseur d'eau lorsque les conduites intérieures de l'habitation sont en plomb. Cela devrait être proscrit !
Pour les conduites en acier galvanisé, l'utilisation d'une eau adoucie peut entrainer à terme des fuites dans l'installation et une couleur désagréable de l'eau (couleur rouge ou rouille).
Enfin, la résine située dans l'appareil est un véritable nid à bactéries potentiel si la régénération de la résine et l'entretien ne sont pas fait régulièrement et correctement.
Attention aux démarches commerciales !
Certaines démarches commerciales sont d'ailleurs trompeuses, comme celles de vendeurs d'appareils de traitement de l'eau qui travestissent et les obligations légales et les connaissances scientifiques. Une plainte a d'ailleurs été déposée au SPF-Economie par la fédération AQUAWAL envers les entreprises qui trompent les consommateurs tant sur les aspects de la santé publique que de la réglementation en la matière en violation du Code du droit économique.
Plus de renseignements : AQUAWAL - Cédric PREVEDELLO, Conseiller scientifique, 081/25 42 34
aquawal.be