L'Agence européenne de l'environnement a établi un rapport sur la situation de la pression sur les ressources en eau en Europe 1
A cette fin, cet organisme calcule l'indice d'exploitation de l'eau (Water Exploitation Index). Cet indicateur est calculé comme le rapport entre les prélèvements totaux d'eau douce et le volume d'eau renouvelable. Un indice supérieur à 20% indique que la ressource est intensivement exploitée. La Belgique a un indice de 31%, soit bien au-dessus des 20% susmentionnés. Conclusion logique : la Belgique utilise intensivement ses ressources en eau. Mais que recouvre réellement cet indicateur ?
Le numérateur de l'indice (le volume total prélevé) comprend tous les prélèvements réalisés dans la nature : alimentation publique d'eau, prélèvements pour l'agriculture et l'industrie et la production d'énergie.
Lorsque l'on approfondit cet indicateur, on s'aperçoit que deux tiers du volume total d'eau prélevé en Belgique sont en fait prélevés pour le refroidissement des centrales électriques. Un cinquième de ces prélèvements est réalisé par l'industrie manufacturière, et seulement 10% sont réalisés par la distribution publique d'eau. Le secteur agricole est particulièrement marginal.
En comparaison aux autres pays européens, la Belgique a un profil assez différent. Les prélèvements pour la production d'électricité représentent une bien plus grande part que la moyenne européenne.
L'agriculture prélève très peu d'eau en Belgique alors qu'en moyenne, cela représente 20% des prélèvements en UE.
En ce qui concerne l'industrie, elle utilise proportionnellement bien plus d'eau en Belgique que dans le reste de l'UE.
Quant à la distribution publique, elle ne représente que 10% des prélèvements en Belgique alors qu'elle représente environ 20% en Europe.
En sachant cela, on peut maintenant mieux comprendre le niveau élevé du Water Exploitation index (WEI) pour la Belgique.
En effet, l'eau destinée au refroidissement des centrales électriques est une eau qui est restituée dans le milieu après son utilisation. Il ne s'agit donc pas vraiment d'un prélèvement au sens strict. Cependant, il ne faut pas occulter le fait que la qualité de l'eau ainsi prélevée et immédiatement restituée s'est dégradée du fait de modifications thermiques, mais c'est un autre débat.
Si on retire les prélèvements destinés à la production d'électricité du calcul du WEI, ce dernier n'est plus de 31% mais de 10.3%.
A la question « la Belgique est-elle « Water-stressed » ? », nous répondons qu'un examen approfondi des indicateurs internationaux nous montre que la Belgique exploite peu ses ressources et ce, malgré une densité de population élevée.
On doit ce résultat notamment à notre faible consommation d'eau de distribution.
En effet, parmi l'ensemble des pays européens, la Wallonie occupe la quatrième place parmi les plus économes. Seuls sont plus économes la Slovaquie, le Portugal et la Pologne.