AQUAWAL et la Société Publique de Gestion de l'eau demandent le soutien du futur gouvernement wallon afin de créer un cadre réglementaire permettant une maîtrise du prix de l'eau.
Le prix de l'eau a évolué à la hausse ces dernières années. Cette augmentation est portée par la nécessité d'investir régulièrement et massivement pour satisfaire aux normes européennes toujours plus strictes tant pour la qualité de l'eau du robinet que pour préserver les masses d'eau souterraine et de surface en bon état.
A ces investissements viennent s'ajouter les difficultés dues à la fois à une baisse des consommations et à une dispersion de l'habitat et des activités sur le territoire. Combinés, ces facteurs externes affectent la rentabilité des quelque 40.000 kilomètres de canalisations et 20.000 kilomètres d'égouts et de collecteurs qui se trouvent dans le sous-sol du territoire wallon.
Par ailleurs, le gouvernement wallon et les communes voient parfois dans la facture d'eau une source de recettes potentielles. Ainsi, la Wallonie impose depuis 2012 une taxe de 10 centimes par mètre cube distribué. Certaines communes ajoutent en plus une redevance de 15 centimes par mètre cube vendu pour la location du sous-sol afin d'y faire passer les canalisations des réseaux et la plupart des communes enrôlent une taxe aux raccordements aux égouts.
Ces surcoûts à charge in fine des usagers ont pour corollaire de rendre l'eau de distribution publique moins avantageuse financièrement que des prélèvements privés réalisés directement dans les ressources. Ce type de prélèvement n'est d'ailleurs pas sans risque sur l'état quantitatif et qualitatif des nappes, il y a donc lieu de le décourager.
Face à ces constats, les opérateurs publics de l'eau demandent que le futur gouvernement wallon crée enfin un cadre favorable à une maîtrise du prix de l'eau pour les usagers. A cette fin, AQUAWAL et la SPGE ont identifié plusieurs pistes qui pourraient être envisagées afin de rééquilibrer les sources de financement et de limiter les coûts.
Tout d'abord, il serait souhaitable que l'ensemble des recettes des factures d'eau soient affectées uniquement au secteur de l'eau.
Il est également nécessaire d'opérer un rééquilibrage des contributions du secteur de l'industrie et des ménages particulièrement au niveau de l'assainissement des eaux usées. Le niveau de la taxe sur les eaux usées industrielles est en effet resté inchangé depuis 1990 et est à peine équivalent à un quart de ce qui est pratiqué en moyenne dans les pays voisins. Les industries ne paient en conséquence qu'une petite partie du coût de l'assainissement public de leurs eaux usées. Sans vouloir mettre notre économie wallonne en difficulté, une réflexion sur le sujet s'impose d'urgence.
Enfin, une autre mesure concerne la participation de tous les usages de l'eau à la couverture des coûts du service. Ici, sont particulièrement visés les utilisateurs de ressources alternatives en eau, telles les citernes d'eau de pluie et les puits privés, qui ne contribuent actuellement que très partiellement aux coûts qu'ils génèrent en matière d'assainissement des eaux usées.
Ces trois mesures à elles seules permettraient de maîtriser les augmentations prévues du prix du mètre cube d'eau. Elles devraient être prises de manière urgente afin de faire supporter de manière équilibrée les investissements entre les différentes catégories d'usagers. Il s'agirait d'un signal positif donné par la future majorité pour faire du droit à l'eau pour tous à un prix abordable, une priorité en Wallonie.