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Réaction d'AQUAWAL à l'articledu Vif-L'express « Eau potable – Plus d'un litre sur quatre est perdu »

Chateau d'eau AIEC

Droit de réponse d'AQUAWAL à l'article publié dans le Vif – L'Express n°19 du 9 mai 2014 (pp 34 à 36) : « Eau potable – Plus d'un litre sur quatre est perdu »

« L'augmentation du prix de l'eau qui a eu lieu ces dernières années, n'est pas liée uniquement au taux de renouvellement des conduites, mais bien aussi à l'augmentation de la partie assainissement de la facture d'eau.

Il est bon de préciser que le réseau de Chimay n'est pas en plomb. Ce sont les raccordements qui le sont et non les conduites principales de voirie. Le plomb n'a jamais été utilisé dans les conduites principales et n'expliquent donc pas le mauvais rendement de la Régie des eaux de Chimay.

AQUAWAL tient à rappeler que l'objectif des distributeurs d'eau est de fournir à tous une eau de qualité irréprochable à un coût acceptable pour la collectivité. Le défi actuel pour la Wallonie est de terminer les investissements en matière d'assainissement des eaux usées (stations d'épuration) afin de répondre aux prescrits européens en la matière. Le taux de renouvellement des conduites de distribution d'eau augmente progressivement depuis plusieurs années, mais les efforts sont lissés dans le temps afin de ne pas alourdir de manière inconsidérée la facture d'eau du citoyen. Chacun doit être conscient que le défi qui nous attend pour le renouvellement des installations est important et nécessitera des solutions innovantes pour financer cet effort.

L'article établit une confusion majeure entre « taux de rendement » et  « taux de fuite ». Un taux de fuite de 29% signifie un rendement de 71%. Ces deux notions sont constamment entremêlées, de sorte qu'il est difficile pour tout lecteur de comprendre aisément cette différence. Ainsi, le premier sous-titre « un rendement moyen de 29% » est erroné puisque le rendement est de 71%. Cet indicateur n'est pas nouveau puisque le graphique numéro 5 du rapport cité indique l'évolution de ce ratio depuis 2005.

Etant donné les défauts de cet indicateur qui représente davantage un indicateur de contexte qu'un indicateur environnemental ou de gestion, les professionnels de la distribution d'eau utilisent d'autres marqueurs, comme par exemple l'indice linéaire de volume non-enregistré qui est nettement moins dépendant du facteur « consommation d'eau » que le rendement du réseau. Cet indice rapporte le volume non-facturé à la longueur du réseau et se calcule par jour.

Il est par ailleurs fort malaisé de comprendre que le vieillissement du réseau puisse expliquer une détérioration de cet indicateur depuis 2010, mais pas depuis 2004, comme c'est indiqué dans cet article. Le fait est que l'évolution de cet indicateur doit se regarder sur le long terme, les évolutions entre deux années consécutives peuvent avoir pour cause des facteurs extérieurs au vieillissement du réseau, tels qu'une fuite importante due à un hiver rude, une longue période de sécheresse ou de canicule ou une brusque chute de consommation liée à la fermeture d'une usine par exemple, impliquant une proportion de volume non-facturé plus importante.

Par ailleurs, la moyenne européenne de 20% de taux de fuite aurait mérité la citation de la source de la donnée afin de permettre au lecteur de se faire sa propre opinion. Il faut savoir que ces chiffres sont fort peu comparables entre distributeurs et encore moins entre pays du fait de la définition différente du volume non-facturé, ainsi que du contexte fort variable entre les différents pays de l'UE.

Au niveau environnemental, les « pertes » ne sont pas le réel problème. En effet, cette eau prélevée dans les masses d'eau souterraines finit par retourner dans les masses d'eau souterraines. La seule réelle implication environnementale qui pourrait être mise en avant est la consommation plus importante d'énergie nécessaire au prélèvement de ces volumes, ainsi que le chlore utilisé pour la désinfection de ceux-ci.

Une autre contrevérité survient au début de la troisième page de l'article lorsqu'il est fait mention du coût de ces pertes. Les propos ont été mal rapportés, puisque l'estimation de 19,3 millions d'euros porte bien sur les coûts liés à l'électricité et la désinfection, contrairement à ce qui est prétendu dans l'article. Le montant de 80 centimes d'euros par mètre cube correspond au prix de production moyen d'un mètre cube et non au prix marginal. La différence entre les deux est liée à l'amortissement du réseau de canalisations et d'ouvrages de stockage. Ce dernier doit de toute façon exister quel que soit le volume qui y transite, aussi ce calcul est-il faux. Dans l'éventualité où plus aucun volume ne serait non-facturé, et pour autant que le coût nécessaire pour atteindre cet état de fait eût été nul, alors le gain économique aurait bel et bien été de 19 millions d'euros et non de 51 millions. Le seul titre d'ingénieur ne suffit pas à fournir une crédibilité économique à ces estimations.

Par ailleurs, s'il est bon de vouloir mettre en évidence un surcoût pour la collectivité, il serait également intéressant de mentionner le coût nécessaire pour diminuer le taux de fuites sur le réseau. Lorsque ce calcul est réalisé, il apparaît clairement qu'au niveau économique, il est généralement plus onéreux d'investir pour diminuer les pertes, que les surcoûts liés à ces fuites. Un optimum économique existe cependant, c'est ce que l'on appelle le niveau économiquement soutenable de fuite. Celui-ci dépend fortement du contexte (niveau de consommation, zone urbaine ou rurale, type de fuites...), de sorte qu'il n'existe pas une seule valeur cible à atteindre, mais autant de valeurs cibles que de contextes différents. Ainsi, à titre de comparaison, les distributeurs d'eau wallons investissent chaque année près de 100 millions d'euros pour le renouvellement des canalisations d'eau. ».

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